FRE 425 : Le Cinéma français

Jean-Luc Godard, À Bout de souffle (1959)

Scénario de François Truffaut.

Réaction contre le Cinéma de Papa (cinéma de qualité). Influence des films de série B. Obsession avec le rôle des médias dans notre notion de la réalité (hyperréalité) - (Life imitates art?). Influence de l'existentialisme - tuer parce qu'il est tueur ou tueur parce qu'il tue? Développement de techniques moins chères pour donner plus de pouvoir créatif au metteur en scène et moins au studio (cinéma d'auteur).

Jean-Paul Belmondo, Jean Seberg.

 

Notez:

Dans ce film, les détails techniques et la manière de communiquer ont plus d'importance que le récit.

"Un film doit avoir un début, un milieu et une fin, mais pas forcément dans cette ordre." (Godard)

Les "jump cuts" (discontinuity editing, coupe sèche, coupe franche) qui interrompent la continuité attirent l'attention sur l'action artistique de la création. C'est à dire que les transitions transparentes aident le spectateur à "oublier" qu'il se trouve devant une création artificielle (suspension of disbelief), pas devant une réalité perçue.

Michel vit premièrement à travers sa représentation dans les média. Où se trouve la "réalité" dans un monde post-moderne où les médias et la société de consommation semblent remplacer une réalité de la vie quotidienne. En même temps, il cherche à calquer son image et son comportement sur des modèles du cinéma américain - Bogart.

Dans un contexte "réaliste", le texte comprend des signes de référence à l'apparence de la réalité (imitation de la réalité telle qu'elle est perçue par l'être humain). Le texte a un statut de "copie" ou se présente comme tel. Dans un contexte "hyperréaliste", il n'y a plus qu'un réseau de signes faisant référence à d'autres signes. La réalité disparaît derrière ces signes qui sont coupés de toute référentialité. Les "copies copient des copies" à tel point qu'on se retrouve dans un monde médiatique qui a perdu sa référence à toute possibilité d'un "original". L'art est justement cette sorte de simulacre faisant référence à d'autres oeuvres d'art. (voir Baudrillard, Deleuze)

Pourquoi? Pour quelle raison est-ce que le post-moderne se préoccupe de la nature des médias et de leur effet sur nos perceptions du monde qui nous entoure? Notez:
- L'utilisation des médias par les Nazis en Allemagne pour manipuler l'opinion publique afin d'arriver au pouvoir.
- Le contrôle des médias par le parti communiste en Union Soviétique pour faire de la propagande (renvoi au goulags des écrivains dissidents).
- La manipulation du comportement de la population aux Etats-Unis par Madison Avenue pour créer une société de consommation.
- Le "social media" utilisé par Trump (fake news) ou Poutine (Ukraine) pour créer une "réalité" qui aide leur buts politiques.

Michel - Bogart - personnages de Bogart - représentations de ces personnages (posters) - imitations métonymiques de gestes - imitation dans les médias d'un Michel copie d'une image imitée des films de série B. Pour Michel, l'hyperréalisme médiatique remplace toute réalité vécue.

 

Questions importantes (ou peut-être pas):

Qui est Patricia? Que représente la parole lorsque l'interprétation de celle-ci est interrompue sans cesse ("Qu'est-ce que c'est, dégueulasse?") La parole devient équivoque, ne cherchant plus à signifier ("New York Harold Tribune!"). Le perpétuel "Qui suis-je?" des personnages.

Pourquoi est-ce que Michel tue le policier? Le sait-il lui-même? Pour qui se prend-il? Pour "Bogie" (qui n'est qu'un signe créé par les studios de cinéma), d'accord, mais qu'est-ce que ça veut dire au juste?

Qu'est-ce qu'elle veut, Patricia? Est-ce que son identité aussi est définie ou influencée par un contexte médiatique (e.g. Faulkner: Wild Palms)? À noter aussi, l'image de soi imaginée par Patricia, comparaison avec ses posters, images devant la pharmacie.

Lorsque Michel et Patricia se parlent, que disent-ils?

Dans la bande sonore, nous entendons quelle sorte de musique?

 

 


Scènes :

[0:25-1:02] Début. Quelle est la première image? Pourquoi? ... "Après tout, il faut."

[1:50] Question-réponse. ???

[2:00-5:40] La route, jump cuts vs continuité. Il parle à la caméra. Langage vulgaire. Le révolver - le soleil.

[5:50] - Paris - journaux.

[8:00] - Tu te le rappelles. Tu t'en souviens. / faire la tête / T'es déguelasse, Michel.

[10:00-13:20] - Patricia. Dialogue.

[13:20] Vivre dangereusement jusqu'au bout. Cahiers du cinéma. Accident. Le journal. (médiatique)

[13:50-16:35] Long shot.

[16:35-19:23] Policiers - poursuite. Bogie. Zoom.

[19:20-19:55] J'ai vu un type mourir. ... Tu m'invites à dîner. /  ... Les Français disent toujours une seconde.

[20:35-22:15] (19:30) Traveling. Dialogue. Histoire du couple de voyous. ... "On couche ensemble?" - Histoire du journal de Michel.

[22:15-24:00] "C'est mieux quand je dis tu ou vous?" "C'est pareil."  / Jump cuts. Dialogue. ... J'aime une fille qui a de très jolis.... "Fous le camp, dégueulasse!"

[24:00-26:25] Jump cuts. Le livre (Wild Palms, Faulkner), “Am I unhappy because I am not free or am I not free because I am unhappy?” Histoire de l'éditeur- coucher ensemble, "of course, of course, of course..."

[27:00-27:55] Jalousie? Lumières, Champs Élysées & Arc de Triomphe.

[28:30] Scène dans l'hôtel. Faire la tête. Est-ce que Patricia s'imagine comme le protagoniste de "Wild Palms"?

1 minute de décalage ...

[30:00] Images de femmes dans une revue.

[31:40] une claque

[33:00] "Est-ce que tu penses à la mort?"

[34:00-35:00] "C'est pareil."

[36:00] "Je suis enceinte." / "Tu aurais pu faire attention."

[38:40] "Je voudrais savoir ce que vous diras."

[44:00] "Between grief and nothing, I will take grief." (Faulkner, The Wild Palms)  Michel: "Je choisis le néant."

[50:00] "Je suis fatigué. Je veux morir."

[52:30] Devant le bureau du NY Harold Tribune.  Jump shots.

[1:02:49] Harold Tribune/police / "poursuite à pied"

[1:07] au cinéma ... continuité ...  western ...  "Ça alors, tu es marié!"

[1:10] "Dénoncer je trouve que c'est très mal." / Les dénonciateurs dénoncent, les cambrioleurs cambriolent, les assassins assassinent, les amoureux s'aiment.

[1:17-fin] "dormir ensembe"

 

 


Bob Ponterio, Modern Languages Department, SUNY Cortland