Civilisation francaise[Index]

Les changements dans la société: un récit autobiographique


Un couple breton se rendant à la fête du village qui reconstitue la vie d'autrefois en Bretagne.

Reconstitution à Niort d'une maison typique du Poitou au XIXème siècle et au début du XXème siècle .


mobilier charentais typique dans cette maison dans les Grottes de Matata près de Royan dans le sud-ouest. A noter, le vaisselier, le rouet pour filer le lin et le lit à baldaquin.


Dès mon enfance, j'ai compris que j'avais la double chance d'être née au milieu des années 50 et d'avoir des grands-parents à la campagne, plus précisément dans le Marais poitevin et en Aunis, la province de La Rochelle, capitale du département de la Charente-Maritime. Comme beaucoup de jeunes de leur génération, mes parents avaient quitté, soit par désir soit par nécessité, le village de leurs ancêtres pour aller chercher du travail dans les villes. Très jeune, j'ai adoré l'histoire et toutes les vacances d'été passées chez mes grands-parents m'ouvraient une fenêtre sur le passé.



A l'exception du chandelier, tous ces meubles et ces objets ont été transmis de génération en génération dans ma famille.

Leur maison en pierre était meublée de tous les objets utilisés par leurs parents et eux-mêmes, comme des lampes à pétrole ou la chaufferette, une jolie boîte en cuivre dans laquelle ils mettaient des braises du feu pour se chauffer les pieds, ou pour mettre dans leur lit pour chauffer les lourds draps en lin. Parmi ces objets devenus des objets de décoration, à noter également deux fers à repasser et un gaufrier.


A part l'électricité, leur maison manquait complètement de confort moderne, n'ayant ni salle de bain, ni toilettes dans la maison. Ils chauffaient leur maison avec une cuisinière à bois dans la cuisine, le conduit central de la cheminée étant le seul moyen de chauffer le reste de la maison.


Une pompe à eau est une véritable découverte pour leur arrière petit-fils qui la trouve amusante comme tous les petits-enfants avant lui.


L'évier et les cruches de mes arrière-grands-parents.

Ce manque de confort ne me gênait pas, bien au contraire. J'adorais jouer avec les braises pour activer le feu, aller chercher de l'eau au puits ou à la pompe à eau qui servait encore à arroser le jardin car ils avaient déjà l'eau courante.


Un puits comme celui que mes grands-parents avaient dans le fond de leur jardin.

Quand j'étais très petite, je m'étais habituée à me laver dans une grande bassine en métal dans la cuisine avec l'eau que ma grand-mère avait préalablement fait chauffer dans un grand faitout. Si par hasard, je me plaignais en me lavant le visage à l'eau froide, ma grand-mère me disait que l'eau chaude donnait des rides! Quelle consolation pour une petite fille de 5 ou 6 ans!!! L'arrivée de l'eau chaude au robinet fut un événement qui a marqué mes premiers souvenirs d'enfance.


Une pendule comme celle-ci dans cette maison dans les Grottes de Matata, datant de Napoléon Ier, a bercé mes nuits passées dans un lit bateau semblable aussi à celui-ci.

Le soir, avant de nous coucher, ma grand-mère et moi allions faire pipi dans le jardin, ce que nous préférions aux toilettes en bois dans le fond du jardin. J'en profitais pour regarder les étoiles ces beaux soirs d'été. Une fois, cependant, j'ai eu honte du manque de confort chez eux. Je venais d'y passer quelques jours en hiver et à ce moment-là, on mettait des briques à chauffer dans le four de la cuisinière qu'on enveloppait de journaux avant de les mettre dans les lits avant de se coucher. Un soir, j'ai pris sans réfléchir, deux briques de mes mains avant que ma grand-mère ne les enveloppe et je me suis brûlée. Le lundi matin, quand mes camarades de classe ont vu mes deux mains bandées, j'ai préféré raconter un mensonge plutôt que d'avouer la vérité.


Mes deux papis discutant la récolte des légumes dans leurs potagers dans les années 70. Leur génération a été la dernière à porter des bérets et des casquettes.

Pendant toute mon enfance, j'ai entendu mes parents se plaindre du manque de confort de la maison et je trouvais fascinants les arguments que mes grands-parents utilisaient pour refuser le confort moderne. Pourquoi acheter un réfrigérateur puisqu'ils utilisaient depuis toujours un garde-manger (une petite pièce noire coincée entre deux pièces et dont la température restait fraîche et constante)? Pourquoi faire installer le chauffage central qui coûtait si cher alors qu'ils se chauffaient depuis toujours avec leur cuisinière? Pourquoi acheter une télé puisqu'ils avaient une radio? Petit à petit cependant, ils ont cédé et le réfrigérateur, le chauffage, la télé, les toilettes, la salle de bain et enfin le téléphone ont pris leur place dans leur maison. En ce début du XXIè siècle, les grands-parents d'aujourd'hui ont un smartphone, un appareil photo numérique et une tablette. Ils apprennent à envoyer des emails et des textos, à se servir d'un ordinateur, à se connecter à Internet et sont en contact avec leurs petits-enfants sur Facebook.


Mes mamies, elles, préféraient parler de leurs fleurs.

Une fois, ma grand-mère paternelle n'a pas résisté à mes arguments. En vieillissant, elle se plaignait de plus en plus du froid, alors, je lui ai dit de s'acheter un pantalon et des bottes. Elle a été la première grand-mère de son village à en porter. J'étais très fière qu'elle ait décidé de ne pas s'occuper de l'opinion des autres, du qu'en dira-t-on. C'était vers la fin des années 60 et toutes les dames âgées portaient encore des robes noires ou sombres, habitude qui venait des traditions de porter le deuil pendant longtemps; le port du deuil avait pourtant déjà été éliminé à ce moment-là. Une de mes grandes surprises lors de mon premier voyage aux USA en 1973, fut de voir des grands-mères porter des shorts bleu ciel ou rose!!!


Pour ses petits-enfants et arrière-petits-enfants, pédaler la machine à coudre de ma grand-mère était encore un jeu.

Mon grand-père maternel semblait considérer certains de ces objets de la vie moderne très fragiles, car lui seul, pouvait toucher au réveil, à la radio puis à la télé. Menuisier, il avait cependant accepté le progrès en s'achetant une grande scie électrique. Par contre, je crois que personne n'a essayé de convaincre ma grand-mère maternelle qui était couturière depuis son adolescence, d'échanger sa machine à coudre contre une machine à coudre électrique et jusqu'à ses derniers jours en 1996, elle appuyait avec ses pieds sur sa grande pédale pour faire sa couture.


Petit village d'Arçais

Mes grands-parents maternels étaient des artisans qui habitaient dans le Marais Poitevin, appelé très justement la "Venise Verte", une très belle région de canaux, (de "conches et de rigoles") longtemps repliée sur elle-même et où la vie des habitants s'était en grande partie passée dans leur barque qu'ils maniaient habilement avec une "pigouille".


Reconstitution annuelle de la vie d'autrefois lors du marché flottant du village du Vanneau, celui de mes grands-parents maternels.

Avant l'arrivée des routes et des voitures, les fermiers y transportaient leurs vaches et leurs récoltes. Les boulangères y faisaient leurs livraisons de pain. Même les processions de mariage se faisaient parfois en barque.


Une charrette faite par mon grand-père maternel

Mon grand-père en tant que charron, faisait des charrettes, des barriques pour le vin, le cognac ou l'eau de vie utilisée pour faire le pineau, deux spécialités régionales, et comme il était aussi forgeron, il faisait des outils. Sa forge bien qu'abandonnée lors de notre enfance, nous fascinait mes frères et moi.


  Un de ses arrière-petits-fils trouvait lui aussi l'enclume de la vieille forge très intéressante.


Comme sa mère et ses oncles avant lui, ce petit garçon s'amuse avec la meule de son arrière-grand-père qui lui, s'en servait pour aiguiser ses lames de couteaux et ses outils.


Ces outils exposés dans le musée de Domme dans le Périgord sont identiques à ceux de mon grand-père.

Mon grand-père avait aussi gardé un tambour de ses jours où il était garde-champêtre et avait la responsabilité d'annoncer les nouvelles aux gens du village. Mes grands-parents maternels avaient été à l'école publique jusqu'au certificat d'études, un diplôme qui marquait la fin de l'école primaire à l'âge de 14 ans. Ensuite, ils étaient entrés en apprentissage chez des artisans pour apprendre leur métier. Comme leurs parents, ils parlaient le patois et avaient appris le français à l'école. Ils l'écrivaient tous les deux très bien et d'une belle écriture. Enfants, ils parlaient toujours le patois avec leurs proches car parler français en dehors de l'école aurait fait "snob" me dit un jour ma grand-mère! Avec l'aide de la radio, le français s'était finalement imposé tous les jours avec leurs enfants et leurs voisins mais ils parlaient avec un "accent" et leur français restait imprégné de quelques mots, d'expressions en patois: "A matin, j'avont dit au drôle de venir pour y dire "Ol ét y qué t'es le pu fin asteure?" (Ce matin, j'ai dit au gosse/à l'enfant de venir pour lui dire "Est-ce que tu es le plus fin/intelligent maintenant?) Un Québécois, un Acadien et un Cajun de la Louisiane auraient eu peu de difficultés à les comprendre puisque nombreux sont leurs ancêtres qui sont venus du Poitou et sont partis du port de La Rochelle.


La robe de mariée de ma grand-mère paternelle, plus courte, reflétait la mode des années 20, des "années folles" où les femmes ont commencé à revendiquer de nouveaux droits comme le droit de montrer leurs chevilles et le droit de vote.

Mes grands-parents paternels qui habitaient à 30 km de La Rochelle, juste à côté du Marais Poitevin, parlaient, eux, un français standard très peu tinté du patois et de l'accent régional. Ils avaient chacun hérité la ferme de leurs parents. Mon grand-père paternel était le fils de propriétaires terriens qui avaient eu de l'argent du temps où ils produisaient du cognac. Avant que leurs vignobles ne soient détruits par le phylloxéra, (un puceron/insecte parasite venu d'Amérique du nord), ils avaient donc été assez aisés et leurs enfants avaient reçu une éducation plus suivie. La soeur de mon grand-père était même allée à l'école jusqu'à 16 ans et était une femme cultivée qui se passionnait d'histoire. Ma grand-mère paternelle était, elle, la fille unique de fermiers plus modestes mais l'histoire de sa famille a sans nul doute eu une grande influence sur son éducation. Son grand-père en revenant de la guerre de 1870, a trouvé sa femme et ses enfants morts à cause de la grippe. Fou de chagrin, il était sur le point de partir tenter sa chance en Amérique quand il a rencontré une jeune femme de La Rochelle. Celle-ci travaillait comme cuisinière pour la famille Fromentin, des bourgeois cultivés dont un fils est devenu écrivain. Ils avaient souvent chez eux, des salons littéraires qui ont eu une influence sur elle. Venant de la ville, elle était "plus moderne" que les habitants du village où elle a suivi son mari. C'est sans doute une des raisons pour lesquelles elle a été très mal accueillie et a même été victime de mauvais tours. Il arrivait parfois que quelqu'un de mal intentionné mettait des pierres dans les tartes qu'elle avait mises dans le four communal. Elle a eu deux enfants, un fils qui est devenu instituteur (professeur dans une école primaire) et une fille qui a donné naissance à ma grand-mère après avoir eu le malheur de perdre beaucoup d'enfants, la mortalité infantile étant encore très fréquente à ce moment-là.


Fermier breton (lors d'une fête folklorique) tirant sa charrette comme l'a si souvent fait mon grand-père.

carte envoyée à ma grand-mère par un soldat de la guerre 14-18 (on les surnommait 'les Poilus").

 

Mes grands-parents paternels ont donc exploité leurs terres avec les mêmes méthodes que leurs parents avant eux et ont vécu des revenus de leur ferme sans vivre dans le luxe car les temps ont été très durs pour leur génération. Petite, ma grand-mère qui a connu l'angoisse d'avoir son père parti se battre à la guerre, gardait précieusement toutes les cartes du front que son papa lui envoyait, toutes ne disant rien, bien sûr, sur les terribles conditions de vie dans les tranchées de la 1ère guerre mondiale. Les difficultés pour elle et son jeune mari ont dû être nombreuses, la France détruite ayant à se reconstruire pour être à nouveau ruinée lors de la deuxième guerre mondiale. Mon grand-père qui avait eu ses 18 ans l'année de la fin de la guerre de 14-18 n'a donc pas eu besoin de se battre, seulement de traverser la France à pied pour aller jusqu'au front au moment même où l'armistice était signé. Cette fois-ci, il était un peu trop âgé pour partir en 1939. Ils ont connu cependant les années difficiles de l'occupation allemande car des soldats allemands (surnommés les "Boches") ont habité chez eux. Ils ne m'ont cependant pas transmis de préjugés envers les Allemands car ils voyaient ces jeunes soldats chez eux comme des victimes du régime nazi. Mes grands-pères ne me parlaient jamais de cette période. Seul le nom d'un endroit en Allemagne, Baden-Baden, résonne encore dans mes oreilles, mais pourquoi? Je ne suis pas sûre mais mon grand-père y était allé. Y-avait-il été prisonnier? Une radio cachée et découverte par mon père lui a toujours fait supposer que mon grand-père avait fait de la résistance mais nous n'avons jamais eu de confirmation. Il semble que petits, nous avions déjà compris qu'il ne fallait pas poser de questions sur cette période douloureuse. Mes grands-mères, elles, se rappelaient fort bien leurs difficultés à nourrir leur famille, et m'expliquaient qu'elles avaient des coupons pour payer la nourriture rationnée. Ma grand-mère paternelle avait dû recommencer à faire du pain dans le four à pain de ses beaux-parents.


Le four à pain dans la maison des parents de mon arrière grand-mère.

Mes parents, eux, ont été marqués par la libération et la distribution de tablettes de chocolat et de paquets de chewing gum distribués par les soldats américains!!! De cette période, mon père qui côtoyait les soldats américains dans les bars de La Rochelle où ils sont restés dix ans après la guerre, en a retenu le mot "pin-up" pour décrire une jolie fille et cette phrase écrite sur les murs "Yankee go home" car la présence des Américains y avait causé la montée des prix.

blockhaus

Moi, j'ai gardé en mémoire une leçon d'histoire de l'après-guerre car ma grand-mère qui m'avait emmenée à la plage un bel après-midi, a dû m'expliquer pourquoi il y avait un vilain bâtiment quelque peu effrayant pour une petite fille. Ce blockhaus était un des très nombreux blockhaus sur les plages de l'Atlantique et de La Manche pour construire le mur de l'Atlantique qui devait empêcher le débarquement des Alliés.


Moulin près de La Rochelle

Si le blé n'était déjà plus moulu au moulin depuis longtemps au temps de ma naissance, mon grand-père avait encore gardé son cheval pour tirer sa charrue dans les années 60. Quel plaisir c'était, toute petite, de monter sur le cheval ou la charrette chargée de paille! Par contre, comme son cheval s'appelait Mouton, je me rappelle être totalement perplexe ne sachant trop si le cheval était un cheval ou un mouton!!! S'il avait été plus jeune, il aurait dû s'acheter un tracteur comme les agriculteurs autour de lui mais cette pensée l'effrayait car elle représentait un endettement important qu'il ne pouvait assumer à quelques années de sa retraite. Alors, il continué comme il l'avait toujours fait, trayant encore ses vaches à la main alors que son voisin avait déjà investi dans une trayeuse électrique. Notre travail, à mes frères et à moi, était d'aller chercher les vaches aux champs. Nous n'étions pas peu fiers d'avoir cette responsabilité et puis c'était pour nous un jeu. La récompense était les bonnes odeurs de l'écurie bien chaude et du lait tiède tout juste sorti du pis de la vache. Le lendemain matin, c'était les bonnes tartines de pain couverte avec la crème que ma grand-mère avait prélevée du lait bouilli. Le mot cholestérol n'était pas encore sur toutes les lèvres!!! Ceux qui n'ont connu que la ville et le lait pasteurisé ne peuvent pas comprendre que ces sensations étaient pour nous de véritables petits bonheurs qui seront avec nous pour toujours.


Reconstitution des moissons dans le joli village de Saint Georges du Bois, le village de mes grands-parents paternels près de La Rochelle.

Aujourd'hui, on parle de recyclage et de l'importance de ne pas gaspiller l'eau mais cela, moi, je l'avais appris très jeune de mes grands-parents qui ne jetaient rien et considéraient déjà l'eau comme quelque chose de précieux. La protection de la nature n'avait rien de nouveau pour eux, ils le faisaient instinctivement, les pesticides n'étant pas encore largement utilisés. Le pain avait également gardé son statut de nourriture sacrée et combien de fois, notre grand-père nous grondait si nous mangions plus de "fricot" (de viande) que de pain et il fallait ne rien laisser dans notre assiette bien entendu. Après les années de rationnement, il n'était pas question de gaspiller la nourriture, et bon gré mal gré, nous finissions tout et mangions du pain même avec notre yaourt ou notre fruit! Nous comprenions également déjà le symbolisme du pain car avant de le couper, mes grands-parents faisaient toujours une croix sur le pain pour rappeler la mort du Christ sur la croix et l'eucharistie (le pain et le vin contiennent le corps et l'âme de Jésus-Christ pour les catholiques). Ce geste comme celui de se signer devant un calvaire (une grande croix) à un croisement de routes ont commencé à disparaître dès les années 70. Un adolescent d'aujourd'hui n'a pas non plus appris de ses grands-parents des expressions comme "barrer la porte" et "tuer la chandelle" qui avaient perduré dans la bouche de mes grands-parents bien après l'installation de l'électricité. A l'école, dans les années 60, nous entendions "Fais attention à ne pas faire de pâtés!", expression qui s'expliquait car nous avions encore des encriers et des plumes en métal que nous trempions. Heureusement nous portions une blouse (ou un sarreau)!!! L'arrivée des stylos a causé la disparition des blouses!

Mon adolescence a été également marquée par de grands changements suite aux événements de mai 68 durant lesquels les jeunes ont remis en question bien des valeurs traditionnelles de la société et ont réclamé, entre autres, la liberté sexuelle et la libération de la femme de son rôle subalterne de mère au foyer. Mais ceci non plus n'avait rien de nouveau pour moi car mes deux grands-mères ainsi que ma mère avaient toujours travaillé par nécessité comme beaucoup de femmes de leur époque, et ma grand-mère paternelle n'avait rien d'une femme soumise même si la loi jusque vers 1975 demandait aux femmes de suivre et d'obéir à leur mari le jour de leur mariage!!! Mon père, lui, comme les autres hommes, ne faisait rien à la maison pour aider ma mère et ne s'occupait pas de nous, mais il était moderne dans le sens que ma mère n'a pas eu besoin de sa permission pour apprendre à conduire, par exemple, bien au contraire, il voulait qu'elle apprenne et il lui avait accordé une certaine autonomie financière. Il m'a aussi toujours encouragée à poursuivre mes études pour que j'aie des choix de carrières dans la vie.

Cette période a donc apporté à nous autres filles, le droit de dire "une copine", mot auparavant jugé vulgaire dans la bouche d'une jeune fille bien élevée, le droit de porter des mini-jupes, des pantalons et des jeans qui ont commencé à faire leur apparition sur le marché, le droit de se maquiller plus jeunes, de fumer et le droit d'avoir une carrière. Le droit à la liberté sexuelle a été bien plus difficile à obtenir et après de nombreuses disputes avec nos parents. Notre génération, n'ayant pas eu à s'inquiéter du sida comme les jeunes d'aujourd'hui, a cependant eu la chance d'avoir accès à la pilule qui s'est popularisée et a vraiment permis la révolution sexuelle. Les débats à la télé et en famille sur le droit des femmes mariées pour avoir accès aux moyens de contraception et à l'avortement sans l'autorisation de leur mari étaient fascinants car nombreux étaient les hommes qui craignaient de voir leur femme profiter de cette nouvelle liberté! Le droit à l'avortement a été, bien sûr, un long débat national sur le commencement de la vie, les droits de la femme et les droits du fétus, et comme dans d'autres pays, les réponses variaient selon les croyances. Finalement, c'est le droit des femmes et le désir de mettre fin aux pratiques dangereuses "des faiseuses d'anges" qui dans tous les villages provoquaient des avortements dans le secret et dans de très mauvaises conditions, qui ont prévalu pour protéger la vie des femmes. Cette loi n'a jamais été remise en question et n'est jamais un slogan politique durant les campagnes électorales. Seuls, une toute petite minorité de catholiques pratiquants s'opposent encore à l'avortement, l’Église malgré ses efforts pour se moderniser devant le vide de ses églises, ayant complètement perdu son influence sur les Français. La déchristianisation de la France a été un des phénomènes sociaux les plus importants de cette deuxième moitié du XXème siècle et le désir profond de maintenir la laïcité de leur pays et de leurs institutions est très enraciné dans leur mémoire. Il se manifeste aujourd'hui face aux désirs des immigrés musulmans qui veulent pouvoir préserver leurs traditions aux yeux de tous, par exemple, dans les écoles publiques et dans les administrations. Cette question difficile pour la génération qui s'est battue pour le droit des femmes, marquera sans nul doute, l'histoire du XXIème siècle.


Pour cette petite fille née au début du XXIème siècle, la découverte d'un rouet dans un grenier est un moment magique lui rappelant le conte de Perrault, La Belle au bois dormant!!!

Pour en savoir plus, voir la page sur l'histoire, l'habitat et les changements dans la société.


Nos jeux d'hier et ceux des enfants aujourd'hui:


photo: Bob Ponterio
Jeux d'autrefois exposés dans le musée de Domme dans le sud de la France.

On jouait

à la marelle
à saute-mouton et à la brouette
aux Indiens et aux cowboys avec des fusils en plastique en disant "Bang! Bang!"
aux gendarmes et aux voleurs.
Les garçons jouaient avec des petites voitures et les toutes premières voitures téléguidées.
Les filles jouaient à la poupée et à la dînette jusqu'à l'âge de 11 ou 12 ans.
Elles sautaient à la corde.

On construisait des châteaux de sable à la plage.

On lisait beaucoup, des récits d'aventures, des romans classiques, des contes de fées et des bandes dessinées comme Tintin, Mickey et Astérix.

Ils jouent

à la playstation, avec un gameboy et avec un Wii.
Ils font des jeux en réseaux.
Ils imitent les personnages de film de science-fiction comme Star Wars, et jouent avec des armes et des épées "au laser".
Ils jouent encore aux petites voitures.
Les filles jouent avec des poupées, notamment les poupées Barbie et jouent à se maquiller très jeunes.
Elles jouent encore à la dînette quand elles sont toutes petites.

Ils construisent toujours des châteaux de sable à la plage

Ils lisent les romans de Harry Potter et beaucoup de bandes dessinées car ils ont bien plus de choix.

photos: Bob Ponterio
Au musée de Domme, expositions de poupées en porcelaine comme celles de mes grands-mères.

Dans la région du Poitou-Charentes, on parlait patois. Voici quelques expressions qu'on entendait: un drôle et une drôlesse (un garçon et une fille), sincer la place (laver le sol), asteure (maintenant), les mojettes (les haricots blancs), le fricot (la viande), o mouille (il pleut), la goule (la bouche), ferme ta goule (tais-toi), o buffe (on souffle), chti (méchant), do menteries (des mensonges), on ché o bas (on tombe à terre), 'ou é to qu' té' allé? (où est-ce que tu es allé?).

Comme beaucoup de gens de cette région sont partis au Canada, on peut encore entendre certaines de ces expressions comme "menterie". D'autres expressions québécoises viennent du patois normand.

Pour en savoir plus voir:

Petit dictionnaire de patois vendéen


Films à voir:

La Gloire de mon père (Y. Robert, 1990) - Le Château de ma mère (Y. Robert, 1991) - La Grande Illusion (J. Renoir, 1937) - Un Long dimanche de fiançailles (J-P. Jeunet, 2003) - Joyeux Noël (C. Carion, 2004) - Le Dernier métro (F. Truffaut, 1980) - Paris brûle-t-il? (R. Clément, 1966) - Jeux interdits (R. Clément, 1951) - Au Revoir les enfants (L. Malle, 1987) - Monsieur Klein (Losey, 1976) - Le Grand chemin (J-L. Hubert, 1987) - Entre Nous/Coup de foudre (Diane Kurys, 1983) - Milou en mai (L. Malle, 1989)- La Nouvelle guerre des boutons (C. Barratier, 2011) - La Guerre des boutons (Yann Samuel, 2011).


Chansons sur ce sujet:

Le chant des partisans (la version sur la Résistance de Yves Montand ).
Le Déserteur (de Boris Vian, 1954, chantée également plus tard par Serge Reggiani qui a aussi récité le poème de Rimbaud, Le Dormeur du val).
Mourir pour des idées (de Georges Brassens, 1972).
Elle a fait un bébé toute seule (de Jean-Jacques Goldman, 1987 sur le thème des problèmes des mères célibataires.)
Melle chante le Blues, et Elle voulait jouer cabaret (chansons sur le thème des désirs des femmes de Patricia Kaas, 1987 et 1988).
C'est les femmes qui mènent la danse (chanson sur le pouvoir des femmes de Patricia Kaas, 2003).
Dialogue (chanson sur le thème du rejet de la société par les jeunes de Maxime Le Forestier, 1973).
Parachutiste (chanson antimilitariste de Maxime Le Forestier, 1971).


Pour en savoir plus:

vidéos:

YouTube:TF1 journal de 13 h: A quoi ressemblait l'école de nos ancêtres?
TF1 journal de 13 h: Partage des tâches ménagères: qu'en pensez-vous?

Sites:

Le Marais Poitevin
Racines rochelaises (site avec des infos sur l'histoire de La Rochelle et le Canada au XVIIème et XVIIIème siècle.)
L'INSEE (sur cette page faite par l'Institut National de la Statistique et des Études Économiques, vous trouverez beaucoup de données et de chiffres sur des aspects variés de la société française)


Table des matières


Bibliographie:

Wylie, Laurence, et Jean-François Brière. Les Français. Englewood Cliffs, New Jersey: Prentice Hall, 1995, 2001.


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